Profession de foi, dernier texte de Simone WEIL, 1943 – texte intégral, livre audio
Livre audio de la Profession de foi rédigée par Simone WEIL en 1943, dans les semaines qui précédèrent sa mort, et tandis qu'elle se savait déjà mourante. Si l'on excepte les deux dernières lettres qu'elle adressa à ses parents, il s'agit de son ultime écrit.
Elle y clôt les questionnements religieux entamés deux ans plus tôt à Marseille, s'agissant de sa foi, de son refus du baptême et de sa réticence à entrer dans l'Église. Manifestant un désir de participer aux sacrements d'autant plus vif et pressant qu'elle sait ses jours comptés, Simone Weil campe néanmoins sur son refus d'accéder au baptême dans les conditions offertes par l'Église catholique. Celle-ci, estime-t-elle, par son dogmatisme doctrinal et sa propension à frapper d'anathème tout ce qui se trouve hors d'elle ou ce qui met en question ses décrets, offense le libre exercice de la pensée et, partant, offense la vérité même – ce qui n'est pas autre chose qu'offenser Dieu.
Bien des choses peuvent interpeller dans ce petit texte. Pour commencer, la place si discrète qu'y occupe la mort. Tout juste en perçoit-on l'imminence au détour d'une phrase : «J'éprouve le besoin, non pas abstrait, mais pratique, réel, urgent, de savoir si, au cas où je demanderais [le baptême], il me serait accordé ou refusé.» Pour le reste, c'est une lucidité calme et ferme qui s'exprime. Ses ultimes forces, Simone Weil les emploie, fidèle aux préoccupations qui animèrent les dernières années de sa vie, à penser l'identité entre Dieu et la vérité, la condition présente des malheureux, et à rêver l'éclat d'éternité dont la religion pourrait illuminer toute la vie sociale, pour peu qu'elle sache partout respecter le libre exercice de la pensée, et la variété des manifestations de la quête de vérité.
Ainsi, une Église qui renoncerait au pouvoir social octroyé par l'anathème et l'excommunication, qui se contenterait d'offrir les mystères de la foi à la contemplation de l'intelligence, dispenserait les sacrements à quiconque les désire, puis laisserait la germination spirituelle suivre librement son cours dans l'âme des fidèles, serait seule à même d'agir comme un centre spirituel irriguant toute la société : «En ce cas, la foi chrétienne pourrait, sans danger de tyrannie exercée par l'Église sur les esprits, être placée au centre de toute la vie profane et de chacune des activités qui la composent, et tout imprégner, absolument tout, de sa lumière. Voie unique du salut pour les hommes misérables d'aujourd'hui.»
D'abord publié en 1959 dans les Cahiers religieux d'Afrique du Nord sous le titre "Une profession de foi de Simone Weil", le texte est ensuite intégré aux Pensées sans ordre concernant l'amour de Dieu lors de leur parution en 1962, sous le titre "Dernier texte". Il est rétabli sous le titre de "Profession de foi" en 2019 dans les Œuvres complètes publiées chez Gallimard.
SOMMAIRE :
0:00 Titre & musique introductive
1:18 Profession de foi
8:52 Quis Dabit Oculis Nostris
♪♬ Musique : deux versions de Quis Dabit Oculis Nostris, de Costanzo FESTA (XVIème siècle), sous la direction de Paul van NEVEL en début de vidéo, et de Kees BOEKE en fin de vidéo ; les morceaux sont disponibles aux liens suivants : https://www.youtube.com/watch?v=JL7EnBBqxoo et https://www.youtube.com/watch?v=s0aZMI5K_vQ
◙ Illustration accompagnant la lecture : Noli Me Tangere, Le Christ jardinier, bas-relief en céramique de Giovanni della ROBBIA (XVIème siècle), Museo Nazionale del Bargello, Florence.
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Elle y clôt les questionnements religieux entamés deux ans plus tôt à Marseille, s'agissant de sa foi, de son refus du baptême et de sa réticence à entrer dans l'Église. Manifestant un désir de participer aux sacrements d'autant plus vif et pressant qu'elle sait ses jours comptés, Simone Weil campe néanmoins sur son refus d'accéder au baptême dans les conditions offertes par l'Église catholique. Celle-ci, estime-t-elle, par son dogmatisme doctrinal et sa propension à frapper d'anathème tout ce qui se trouve hors d'elle ou ce qui met en question ses décrets, offense le libre exercice de la pensée et, partant, offense la vérité même – ce qui n'est pas autre chose qu'offenser Dieu.
Bien des choses peuvent interpeller dans ce petit texte. Pour commencer, la place si discrète qu'y occupe la mort. Tout juste en perçoit-on l'imminence au détour d'une phrase : «J'éprouve le besoin, non pas abstrait, mais pratique, réel, urgent, de savoir si, au cas où je demanderais [le baptême], il me serait accordé ou refusé.» Pour le reste, c'est une lucidité calme et ferme qui s'exprime. Ses ultimes forces, Simone Weil les emploie, fidèle aux préoccupations qui animèrent les dernières années de sa vie, à penser l'identité entre Dieu et la vérité, la condition présente des malheureux, et à rêver l'éclat d'éternité dont la religion pourrait illuminer toute la vie sociale, pour peu qu'elle sache partout respecter le libre exercice de la pensée, et la variété des manifestations de la quête de vérité.
Ainsi, une Église qui renoncerait au pouvoir social octroyé par l'anathème et l'excommunication, qui se contenterait d'offrir les mystères de la foi à la contemplation de l'intelligence, dispenserait les sacrements à quiconque les désire, puis laisserait la germination spirituelle suivre librement son cours dans l'âme des fidèles, serait seule à même d'agir comme un centre spirituel irriguant toute la société : «En ce cas, la foi chrétienne pourrait, sans danger de tyrannie exercée par l'Église sur les esprits, être placée au centre de toute la vie profane et de chacune des activités qui la composent, et tout imprégner, absolument tout, de sa lumière. Voie unique du salut pour les hommes misérables d'aujourd'hui.»
D'abord publié en 1959 dans les Cahiers religieux d'Afrique du Nord sous le titre "Une profession de foi de Simone Weil", le texte est ensuite intégré aux Pensées sans ordre concernant l'amour de Dieu lors de leur parution en 1962, sous le titre "Dernier texte". Il est rétabli sous le titre de "Profession de foi" en 2019 dans les Œuvres complètes publiées chez Gallimard.
SOMMAIRE :
0:00 Titre & musique introductive
1:18 Profession de foi
8:52 Quis Dabit Oculis Nostris
♪♬ Musique : deux versions de Quis Dabit Oculis Nostris, de Costanzo FESTA (XVIème siècle), sous la direction de Paul van NEVEL en début de vidéo, et de Kees BOEKE en fin de vidéo ; les morceaux sont disponibles aux liens suivants : https://www.youtube.com/watch?v=JL7EnBBqxoo et https://www.youtube.com/watch?v=s0aZMI5K_vQ
◙ Illustration accompagnant la lecture : Noli Me Tangere, Le Christ jardinier, bas-relief en céramique de Giovanni della ROBBIA (XVIème siècle), Museo Nazionale del Bargello, Florence.
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