La naissance des alphabets... | Musée d'Archéologie Méditerranéenne de Marseille
Le Bassin Méditerranéen antique fut un laboratoire effervescent de systèmes d’écriture,
où furent expérimentées des solutions tantôt éphémères et isolées (comme l’écriture,
encore indéchiffrée, du disque de Phaestos), tantôt utilisées durant des millénaires par des
peuples de langues très différentes, comme l’alphabet grec et l’alphabet latin, encore
employés de nos jours. C’est d’ailleurs ce dernier système graphique, l’alphabet, qui peut
passer pour l’invention la plus décisive de l’Antiquité en matière de notation de la parole,
comme l’atteste son immense succès dans l’Antiquité et au-delà.
Les premières formes d’une écriture alphabétique – nommées écritures protocananéennes
– apparaissent de l’Égypte au Levant au cours du premier quart du IIe millénaire. av. J.-
C., sous l’influence de l’écriture hiéroglyphique égyptienne. C’est un alphabet qui,
comme son modèle égyptien, ne note que des consonnes.
Une expérience marginale se développe au XIVe siècle autour du royaume d’Ugarit, avec
un système alphabétique cunéiforme, où, pour la première fois, apparaît l’ordre des
signes.
L’alphabet phénicien se fixe sans doute à la
fin du XIIe siècle av. J.-C. Chaque signe de cet alphabet transcrit un son consonantique
de la langue (indiqué par l’initiale du nom de la lettre) : ainsi, le hiéroglyphe égyptien
symbolisant la maison (qui se lit bēt dans les langues sémitiques) ne désigne plus une
habitation, mais le son initial de ce mot, /b/.
Les Grecs, à une époque encore débattue, mais probablement avant le début du VIIIe
siècle av. J.-C., empruntent cet alphabet et le complètent, en lui ajoutant quelques
consonnes complémentaires, mais surtout des signes notant les voyelles. Pour ce faire,
fidèles au principe acrophonique, ils utilisent les lettres phéniciennes notant des sons
consonantiques qui n’existent pas dans leur langue pour noter les voyelles (comme
l’ᵓaleph, qui note en phénicien un coup de glotte, consonne inconnue du grec, nommé
alpha dans cette langue et utilisé pour noter /a/).
Ce système graphique est alors
susceptible d’être utilisé par n’importe quelle langue : diffusé à l’époque archaïque par
les Grecs eux-mêmes qui s’installent sur l’ensemble du pourtour méditerranéen, il est à
son tour emprunté par de nombreux peuples. En Occident, les premiers à l’emprunter
sont les Étrusques, à la fin du VIIe siècle av. J.-C. Utilisant comme modèle l’alphabet des
Eubéens installés en Campanie et l’adaptant aux
contraintes de leur langue, ils lui ont apporté d’ultérieures modifications et l’ont transmis
à la plupart des autres peuples de l’Italie ancienne, dont les Latins.
L’alphabet latin a suivi
le destin de la langue qu’il notait et a connu l’immense succès qu’on lui connaît de
l’Antiquité nos jours.
© Remo Mugnaioni
🎥 © Cumulus et Samuel Bester
Видео La naissance des alphabets... | Musée d'Archéologie Méditerranéenne de Marseille канала Musées de Marseille
où furent expérimentées des solutions tantôt éphémères et isolées (comme l’écriture,
encore indéchiffrée, du disque de Phaestos), tantôt utilisées durant des millénaires par des
peuples de langues très différentes, comme l’alphabet grec et l’alphabet latin, encore
employés de nos jours. C’est d’ailleurs ce dernier système graphique, l’alphabet, qui peut
passer pour l’invention la plus décisive de l’Antiquité en matière de notation de la parole,
comme l’atteste son immense succès dans l’Antiquité et au-delà.
Les premières formes d’une écriture alphabétique – nommées écritures protocananéennes
– apparaissent de l’Égypte au Levant au cours du premier quart du IIe millénaire. av. J.-
C., sous l’influence de l’écriture hiéroglyphique égyptienne. C’est un alphabet qui,
comme son modèle égyptien, ne note que des consonnes.
Une expérience marginale se développe au XIVe siècle autour du royaume d’Ugarit, avec
un système alphabétique cunéiforme, où, pour la première fois, apparaît l’ordre des
signes.
L’alphabet phénicien se fixe sans doute à la
fin du XIIe siècle av. J.-C. Chaque signe de cet alphabet transcrit un son consonantique
de la langue (indiqué par l’initiale du nom de la lettre) : ainsi, le hiéroglyphe égyptien
symbolisant la maison (qui se lit bēt dans les langues sémitiques) ne désigne plus une
habitation, mais le son initial de ce mot, /b/.
Les Grecs, à une époque encore débattue, mais probablement avant le début du VIIIe
siècle av. J.-C., empruntent cet alphabet et le complètent, en lui ajoutant quelques
consonnes complémentaires, mais surtout des signes notant les voyelles. Pour ce faire,
fidèles au principe acrophonique, ils utilisent les lettres phéniciennes notant des sons
consonantiques qui n’existent pas dans leur langue pour noter les voyelles (comme
l’ᵓaleph, qui note en phénicien un coup de glotte, consonne inconnue du grec, nommé
alpha dans cette langue et utilisé pour noter /a/).
Ce système graphique est alors
susceptible d’être utilisé par n’importe quelle langue : diffusé à l’époque archaïque par
les Grecs eux-mêmes qui s’installent sur l’ensemble du pourtour méditerranéen, il est à
son tour emprunté par de nombreux peuples. En Occident, les premiers à l’emprunter
sont les Étrusques, à la fin du VIIe siècle av. J.-C. Utilisant comme modèle l’alphabet des
Eubéens installés en Campanie et l’adaptant aux
contraintes de leur langue, ils lui ont apporté d’ultérieures modifications et l’ont transmis
à la plupart des autres peuples de l’Italie ancienne, dont les Latins.
L’alphabet latin a suivi
le destin de la langue qu’il notait et a connu l’immense succès qu’on lui connaît de
l’Antiquité nos jours.
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