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Amour et réconciliation aux Oscars, douleur aux César : et le cinéma, dans tout ça ?

Les votants de l’Académie américaine n’ont pas osé récompenser le Roma d’Alfonso Cuaron jusqu’au bout en lui décernant l’Oscar du meilleur film : ça aurait divisé, ils ont préféré le beaucoup plus lisse et fédérateur Green Book. Et vendredi, en France aussi, les sujets ont été préférés au cinéma...

« Dans toute cette histoire, il s’agit d’amour, de s’aimer malgré nos différences. Et trouver la vérité sur qui nous sommes : nous sommes les mêmes personnes. » Si on peut légitimement se demander à quoi servent les cérémonies d’autocélébration du cinéma, à Los Angeles comme à Paris (et surtout, pourquoi nous regardons ces tunnels de plus de 3 heures, mais c’est une autre question), le décès ce week-end à l’âge vénérable de 94 ans de Stanley Donen, l’auteur génial de Chantons sous la pluie, vient utilement rappeler qu’Hollywood, c’est avant tout de l’entertainment, du spectacle. Et de quoi la capitale du divertissement mondialisé, cet îlot de résistance en territoire trumpien, voulait-elle faire spectacle cette année ? De l’unité et de la réconciliation, un beau message pour un pays fracturé. Donner l’Oscar du meilleur film au Roma d’Alfonso Cuaron, ça aurait été un acte fort, mais ça aurait divisé : ça aurait été le premier décerné à un film qui ne parle pas l’anglais, mais l’espagnol, langue en forte progression aux Etats-Unis, et même une langue indienne, le mixtèque, et ça aurait acté, après le Lion d’Or à Venise, le poids de Netflix dans le cinéma exigeant pour adulte, ce territoire abandonné par un Hollywood obnubilé par les franchises de super-héros, les remakes, biopics et autres feel good movies. Alfonso Cuaron repart tout de même avec 3 statuettes, dont celle de meilleur réalisateur et meilleur film en langue étrangère, donc. C’était tout simplement le plus audacieux et grand film de toute cette édition. Les votants de l’Académie des Oscars ont donc préféré le beaucoup plus traditionnel et lisse Green Book de Peter Farrelly, pour la première fois en solo sans son frère Bobby. Sorte de Miss Daisy et son chauffeur inversé, ou l’amitié entre un pianiste virtuose noir et son chauffeur garde du corps blanc et raciste pendant une tournée dans le Sud ségrégationniste en 1962. Un feel good movie, donc, édifiant, sur la réconciliation raciale, et objet de vives polémiques aux Etats-Unis, pas seulement parce qu’il a été réalisé par un Blanc, mais parce qu’il en adopte le point de vue, celui de la rédemption d’un Blanc par l’amitié avec un Noir. Le fait que l’interprète de ce dernier, Mahershala Ali, remporte l’Oscar du meilleur second rôle, et non du meilleur acteur, dit assez la place qu’il occupe dans ce film. Ceci dit, il est le premier Afro-Américain à remporter deux fois le prix dans cette catégorie, et avec ceux remportés par Regina King, Spike Lee et les costumière et décoratrice de Black Panther, cette édition des Oscars restera dans l’histoire : jamais autant d’Afro-Américains n’avaient été récompensés. A croire qu’après des années de polémique Oscars so white, ces Oscars si blanc, la réforme de l’académie commence à porter ses fruits.

Et en France ? En France, on a Kad Merad…

Heureux Américains, qui ont eu la riche idée cette année de se passer de maître de cérémonie ! En France, si réconciliation il devait y avoir, c’était entre le cinéma commercial et celui d’auteur, symbolisée par le match Le Grand Bain / Jusqu’à la garde. On sait que c’est ce dernier qui l’a remporté, mais vu la tonalité générale de la soirée, qui alignait les discours dénonçant, statistique à l’appui, et à juste titre, la pédocriminalité et toutes les violences faites aux femmes, on craint que ce ne soit plus leurs sujets que la qualité des films qui aient été récompensés. Où était le cinéma dans tout ça ? L’éviction quasi totale, au stade des nominations, de l’immense Mektoub my love d’Abdellatif Kechiche, évitait de toute façon de se poser la question…

LE BILLET CULTUREL par Antoine Guillot

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27 февраля 2019 г. 11:38:08
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