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Le Dormeur du Val - Arthur Rimbaud, narré par Gilles-Claude Thériault. A nos soldats tombés au front

Non, je ne dors pas au Panthéon, mes camarades non plus. Sans doute, ne fûmes-nous pas assez méritants pour cela. A vrai dire, nous a-ton même laissé assez de temps pour faire nos preuves de bravoure ? Sûrement pas, du moins en ce qui me concerne. Il ne m'aura pas fallu 3 mois pour passer de vie à trépas !
Je travaillais ma terre, cette terre noble et dure de Gascogne, cette terre d'argile héritée de mon père, de mon grand-père. En ce mois de mai 1916, j'espérais au plus profond de mon âme, que jamais je ne serais réquisitionné pour le front. La guerre, on en entendait parler, au fin fond de nos campagnes ensoleillées du Sud Ouest de la France. On nous laissait croire qu'elle ne durerait pas, que ce n'était qu'un petit conflit passager... Lorsque l'ordre de mission est arrivé, ce fut comme un couperet ...je me croyais bien trop jeune pour partir...On nous avait dit pas les vieux, pas les jeunes...Ouf, je n'ai que 19 ans, je suis chargé de famille, je ne partirai pas...
Mais de batailles perdues, en milliers de vies trépassées, il faut aller chercher d'autres vaillants, même s'ils n'ont rien de combattants, ils n'auront pas d'autre choix que celui de se battre s'ils ne veulent pas mourir !
Le chemin est long dans ce train qui part de la gare de Auch et qui nous même vers l'enfer. J'ai le temps de repenser aux promesses que j'ai faites à ma mère et à mon épouse Maria, qui attend notre premier enfant. Je ne vais pas tarder à revenir, ne t'inquiète pas, on va leur foutre une branlée à ces boches ! Après tout, on est chez nous !
Mes camarades de voyage pensent tous comme moi. Sauf deux ou trois qui semblent déjà avoir perdu un combat dont on ignore tout.
Moi, j'y crois, et encore plus lorsque arrivé dans cette région dont j'ignorais jusqu'au nom, je découvre sous un soleil radieux ma nouvelle garnison : je suis artilleur. J'avais entendu quelques gars dans le train qui disaient que la meilleure planque c'était l'artillerie. Là tu es loin de la réalité des tranchées, tu es un planqué en quelques sorte. Tu balances quelques mortiers, à bonne distance de l'ennemi, tu es assez loin pour ne pas en prendre plein la gueule.
Si je pouvais écrire à Maria pour lui raconter..Mais je le ferai un peu plus tard, et même, je crois bien que je ne vais pas rester assez longtemps pour le lui écrire...On va les achever si vite que l'on sera rentrés avant la fin de l'été !
L'été est fini, les foins sont coupés depuis longtemps et déjà, me dit-on, le raisin est vendangé...
On me dit aussi qu'un petit garçon, qui porte le même prénom que le mien est né au mois de janvier 1917. Un beau petit gars, bien costaud !
Il est 15h10, 18 Août 1916, indique la montre qui ne me quitte jamais, lorsqu'un éclat d'obus vient mettre un terme à ma vie de jeune paysan soldat.
Toi, mon fils que je ne connaîtrai jamais, j'espère au moins que le combat que nous avons mené avec mes camarades, t'épargnera de la peur des bombes et de la mort.
Qu'entends-je ? Tu es devenu militaire ? Je suis fier de Toi...mais tu es mort des suites d'une blessure de guerre ? Quelle guerre mon enfant ? Quelle guerre ?
Et ta mère ?
Maria, mon arrière grand-mère que j'ai connue et que j'appelais affectueusement yaya, nous a quittés en 1965.
Elle était heureuse de s'en aller, car, disait-elle, elle ne rêvait que de ce jour qui serait le dernier pour Elle et qui marquerait le début de la quête de ses deux amours perdus.
En 1999, je pars avec ma fille alors âgée de 8 ans et la montre à gousset qui cessa sa course contre le temps sur le coeur de ce paysan soldat, à la recherche de la tombe de Jean, afin de réaliser le voeu de son petit fils, mon papa, qui voulait faire rapatrier le corps, presque 80 ans après, dans le caveau familial.
Mais arrivée sur place, j'ai compris en déambulant dans les allées silencieuses des croix blanches alignées, que tous ces pauvres gens, morts au combat en 14 18, n'avaient désormais et depuis tout ce temps, qu'une seule vraie famille :

Celle de leurs millions de camarades morts au champ d'Honneur, pour la France !

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10 ноября 2017 г. 18:05:31
00:02:48
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