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La Dernière bobine

Fin 2012, l'ère du cinéma traditionnel s'est achevée. Plus aucun film n'est distribué en pellicule. Les projecteurs mécaniques se font rares, ainsi que les projectionnistes. En quelques années, la révolution du cinéma numérique a bouleversé le métier, dont les gestes avaient peu changé depuis les débuts de l'aventure cinématographique, à la fin du 19e siècle.

Lorsque l'opérateur faisait visiter sa cabine, il était fier de provoquer l'admiration -- "C'est Cinéma Paradiso !" -- et de lire l'émerveillement dans les yeux des enfants. Son savoir-faire centenaire était instantanément reconnu, pour être capable de dompter une machine si impressionnante, au nom envoûtant de Cinemeccanica Victoria.

"La Dernière bobine" rend hommage à un métier en voie de disparition. Le spectateur suit le projectionniste dans toutes les étapes de son travail d'alors : transporter, dérouler et coller les lourdes bobines 35 mm ; charger le film sur le projecteur ; préparer et lancer la séance, régler l'objectif...
Aux explications d'une présentation technique, le film préfère l'émotion. Sans commentaire, ni acteurs, ni effets, il transporte le spectateur dans une ambiance de travail particulière. Il fait partager la solitude de l'opérateur dans un environnement sombre, bruyant, magique malgré tout. Les images projetées se reflètent dans les moindres recoins de la cabine, pendant que d'innombrables rouages dentés provoquent les sons si caractéristiques au cinéma révolu.
La bande originale d'un film projeté s'entend aussi en cabine. Elle témoigne des sentiments du projectionniste qui effectue ses gestes pour la dernière fois : la nostalgie n'a pas attendu les années pour se faire ressentir.

Le temps est fini où il fallait soulever et déplacer les 30 à 40 kg de bobines ; la belle machine en fonte a été remplacée par une boîte noire, un écran et une prise USB. L'imposant carton contenant les cinq à huit bobines de pellicule s'est transformé en un banal disque dur portable. Le métier s'annonçait sans charme mais nettement plus simple au niveau technique. À tel point que la suppression totale des postes d'opérateurs est programmée dans certaines chaînes d'exploitants !

Et ce n'est pas seulement un métier qui disparaît : la perception des films en salle est fondamentalement modifiée, en bien et/ou en mal. Comme certains mélomanes regrettent la profondeur et les imperfections du disque 33 tours, de nombreux spectateurs restent profondément attachés au grain de l'image argentique sur grand écran. "La Dernière bobine" s'adresse en particulier à ces nombreux cinéphiles, dont la nostalgie s'exprime dès que l'occasion se présente.

À la fois réalisateur et projectionniste, amoureux de cinéma, Guillaume Poux ne pouvait se résoudre à laisser tomber dans l'oubli un pan de son métier et de son histoire de cinéphile. Son court-métrage offre au spectateur un témoignage technique et surtout une évocation sensible du passé. C'est pour lui une manière de tourner la page, de faire le deuil d'une époque révolue, avant de se résoudre, un jour peut-être, à accepter la modernité.

Видео La Dernière bobine канала Guillaume Poux
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6 декабря 2012 г. 16:31:56
00:04:38
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