Pétain et le régime de Vichy (FR3 1984). Deuxième partie.

Histoire d'un jour. Pétain en procès, 9 août 1945. Émission de Philippe Alfonsi et Maurice Dugowson avec le concours de Yvan Audouard, Roger Stéphane, Frédéric Pottecher, Maurice Siegel, Nat Lilenstein, Claude Bourdet, Serge Klarsfeld, Georges-Paul Wagner......
J'ai dû couper quelques petites portions de la vidéo (droits d'auteur).

Pétain, vu d'aujourd'hui. Jean Planchais. Le Monde. Publié le 18 octobre 1984.
Avec " Pétain en procès, 9 août 1945 " Philippe Alfonsi et Maurice Dugowson lancent une nouvelle série sur FR 3. Il s'agit de faire revivre une journée de l'histoire, un événement (national ou international) de ces cinquante dernières années, en le replaçant dans son contexte, dans le climat de l'époque. Un dispositif assez particulier : une salle de rédaction sur deux étages, des documents (films, photos, journaux), des journalistes, témoins privilégiés de ces heures, des protagonistes et des adversaires de l'affaire.
Jeudi soir, on juge Pétain. Pour la centième, pour la millième fois. On l'a jugé en famille, au bistrot, en 1940 - et on l'a généralement acquitté. On l'a jugé, de plus en plus sévèrement, à partir de 1942. On l'a jugé, en Haute Cour, en 1945, et on l'a condamné à mort, puis on l'a envoyé mourir à l'île d'Yeu. Et on continue de le juger et de l'absoudre ou de le condamner. Pour le plus grand ennui des générations nouvelles, qui trouvent ce vieux monsieur bien encombrant et, à vrai dire, ne comprennent plus rien aux discussions des sexagénaires.
Sauveur aux cheveux blancs ou militaire sénile prêt à tous les abandons ? Allez savoir. Tant d'arguments se sont entrecroisés, tant d'injures ont été échangées, que le portrait est devenu illisible mais toujours dangereux à brosser.
Philippe Alfonsi et Maurice Dugowson en ont le courage. Ni l'un ni l'autre n'ont connu la guerre et l'Occupation. Ils en sont même bien loin. C'est un sérieux atout : ils racontent sur une page blanche. Pas seuls, évidemment. Des témoins se souviennent. Des acteurs s'affrontent en un round autour d'une journée capitale du procès de l'ancien chef de l'État, celle du 9 août 1945. Ce jour-là, Fernand de Brinon, ancien ambassadeur de Vichy à Paris, symbole de la " collaboration " politique et diplomatique, et Joseph Darnand, qui, lui, représente la collaboration policière et la répression sanglante, sont venus dire à la Haute Cour qu'ils n'avaient pas joué le double jeu, qu'ils avaient obéi au maréchal de France, chef de l'État, et à ses directives parfaitement claires.
Autour du procès, la France de l'Occupation, certes, et dont la vue alourdit singulièrement le dossier, et la France d'août 1945, qui s'étonne, comme le dit Maurice Siegel, que tout ne tombe pas du ciel après la Libération, qui se passionne surtout pour le procès du docteur Petiot, l'assassin aux vingt-sept victimes brûlées dans sa chaudière, qui trouve que la bombe d'Hiroshima est une bonne chose puisqu'elle termine la guerre, la France qui continue d'applaudir, comme hier, Maurice Chevalier, Edith Piaf et les Visiteurs du soir, de Carné. La France aussi qui vient d'accueillir les fantômes sortis des camps de concentration, les prisonniers et les travailleurs du Service du travail obligatoire......

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