J’ai perdu mes parents pauvres et ai été adopté par une très riche famille

Le dernier bon souvenir que j’ai de mes parents, c’est cette journée passée au zoo quand j’étais
petite. J’avais un cornet de glace à la main, et mes parents prenaient des photos de moi à côté d’une grande girafe. Puis ils sont partis. Je me souviens leur avoir dit au revoir d’un signe de la main depuis la porte alors qu’ils partaient en vacances en voiture. Je me souviens que je sautais partout dans la maison, faisant tout ce que je voulais. Je me souviens que je pleurais la nuit, me demandant : « Et si ils ne reviennent jamais ? »

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Quand l’école a repris cette année-là, j’étais dans un horrible état. Mes vêtements étaient déchirés et usés, et je n’avais pas passé une bonne nuit de sommeil depuis des jours. En classe, on s’asseyait loin de moi parce que je puais. Je n’étais qu’une petite fille, avec très peu d’argent, qu’étais-je censée faire ? Quelques jours plus tard, je regardais la télé quand j’ai entendu qu’on sonnait à la porte. « Ils sont rentrés ! » me suis-je dis, en me précipitant vers la porte, mais quand j’ai ouvert, j’ai vu une dame étrange. Je savais qu’elle était assistante sociale. J’ai été placée dans un orphelinat, où je devais partager une chambre avec cinq autres filles. Je répétais à tout le monde que mes parents allaient revenir, je le savais. On me regardait simplement avec plein de pitié et me disait d’aller jouer.

Une année est passée avant que je ne sois adoptée. J’ai été appelée dans un bureau et présentée à une dame chic portant un manteau de fourrure. Je lui ai serrée la main, mais elle s’attendait en fait à ce que je l’embrasse. Elle m’a emmenée chez elle, elle vivait dans un manoir. J’ai rencontré son mari et ses deux fils. Les garçons, ou plutôt mes frères, étaient toujours très gentils avec moi, mais mon père adoptif me regardait à peine. Ma mère adoptive m’a emmenée dans ma chambre, qui était rose vif. C’était l’archétype même d’une chambre de petite fille stéréotypée, à tel point que c’était offensant. Je lui ai dit que je n’aimais même pas le rose, mais elle a répondu que je m’y habituerais et m’a laissée là. Elle s’appelait Seraphina. Chic, non ? Seraphina essayait d’être une mère normale pour moi, elle me traitait exactement comme ses fils, avec une légère différence. Elle me forçait à porter des robes et des jupes tout le temps. Je l’ai même surprise en train de donner mes pantalons, alors je n’avais pas le choix. Elle me faisait boire du thé, bien que je détestais ça, et me faisait toujours manger des salades, bien que je détestais ça aussi. Je faisais le mur de temps en temps pour aller manger ce que j’aimais ou grimper aux arbres dans le parc, mais quand elle me surprenait, elle me traînait à un brunch guindé avec ses amis du club de tennis. Je lui ai dit à quel point ça me dérangeait qu’elle essayait de me changer, et même si elle s’excusait et me faisait un câlin, elle continuait avec les cours de ballet et ainsi de suite.

Un jour, je cueillais des fleurs dans le jardin parce que Seraphina voulait que je fasse un bouquet,
quand je me suis piquée le doigt en cueillant une rose. Je ne supportais pas la vue du sang, mais je n’ai pas au à voir ça bien longtemps parce qu’un garçon a couru à ma rescousse. Il a sorti un
pansement de sa poche et l’a mis sur mon doigt. Il avait l’air d’avoir mon âge. J’étais gênée de
paraître si faible à cause d’une petite piqûre, mais il a dit : « Ne t’inquiète pas, ça m’arrive tout le
temps. » et il m’a montré ses mains, recouvertes de petites égratignures et de pansements. Nous
nous sommes assis sur l’herbe sous un arbre pendant des heures, parlant de n’importe quoi comme des enfants. Il s’appelait Jack, et il était le fils du jardinier, ce qui expliquait ses mains abîmées. Il aidait son père après l’école. Il était en train de m’expliquer pourquoi les roses étaient ses fleurs préférées quand j’ai entendu Seraphina m’appeler depuis le manoir, alors j’ai dû dire au revoir et aller la rejoindre.

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