THOMAS MANN (1875-1955) – Une vie, une œuvre [1991]
Par Jean-Louis Pelissard et Jacques Taroni.
Émission diffusée sur France Culture le 11.09.1991.
La situation de Thomas Mann est curieuse : alors qu'il domine incontestablement l'ensemble des lettres allemandes de la première moitié de ce siècle, aussi bien par l'amplitude de son œuvre que par la hauteur de son ambition et le courage de ses choix politiques durant le drame européen, alors qu'il a reçu de son vivant tous les honneurs et toutes les distinctions possibles et qu'il n'eût tenu qu'à lui de recevoir deux fois le prix Nobel de littérature, il demeure bizarrement ignoré en France quant au fond et au contenu réels de ses livres. Certes, on en connaît les titres, on le cite quelquefois, mais la déférence qui l'entoure le tient en fait à l'écart.. C'est donc à une redécouverte de Thomas Mann que nous allons tenter de nous livrer, en pénétrant dans l'épaisseur de narration où la minutie et le sens de la longue durée s'allient pour plonger dans le tréfonds de l'être humain : dans chacune de ses grandes œuvres, en effet, le jeu de la vie débouche immanquablement sur celui de la mort, dans d'étranges parfums où la beauté et la sexualité n'ont de cesse que de se renvoyer l'une à l'autre. L'équivalent le plus proche de l'art si particulier de Thomas Mann, c'est sans doute la musique allemande post-wagnérienne : celle de Malher, de Bruckner ou de Richard Strauss. N'a-t-il d'ailleurs pas écrit lui-même que « la narration ressemble à la musique en ceci qu'elle accomplit le temps, qu'elle l'emplit convenablement, qu'elle le divise, qu'elle fait en sorte qu'il s'y passe quelque chose » ? Comme il n'est pas indifférent que pour couronner son œuvre propre dans une immense méditation sur l'éros, la beauté et la mort, Luchino Visconti soit allé chercher le texte de "La Mort à Venise "... D'où, du même coup, l'extrême modernité qui reste celle de Thomas Mann et qui l'impose à l'attention comme l'un des géants de ce siècle.
Intervenants :
- Georges Steiner
- Michel Tournier
- Jean Michel Palmier
Видео THOMAS MANN (1875-1955) – Une vie, une œuvre [1991] канала Rien ne veut rien dire
Émission diffusée sur France Culture le 11.09.1991.
La situation de Thomas Mann est curieuse : alors qu'il domine incontestablement l'ensemble des lettres allemandes de la première moitié de ce siècle, aussi bien par l'amplitude de son œuvre que par la hauteur de son ambition et le courage de ses choix politiques durant le drame européen, alors qu'il a reçu de son vivant tous les honneurs et toutes les distinctions possibles et qu'il n'eût tenu qu'à lui de recevoir deux fois le prix Nobel de littérature, il demeure bizarrement ignoré en France quant au fond et au contenu réels de ses livres. Certes, on en connaît les titres, on le cite quelquefois, mais la déférence qui l'entoure le tient en fait à l'écart.. C'est donc à une redécouverte de Thomas Mann que nous allons tenter de nous livrer, en pénétrant dans l'épaisseur de narration où la minutie et le sens de la longue durée s'allient pour plonger dans le tréfonds de l'être humain : dans chacune de ses grandes œuvres, en effet, le jeu de la vie débouche immanquablement sur celui de la mort, dans d'étranges parfums où la beauté et la sexualité n'ont de cesse que de se renvoyer l'une à l'autre. L'équivalent le plus proche de l'art si particulier de Thomas Mann, c'est sans doute la musique allemande post-wagnérienne : celle de Malher, de Bruckner ou de Richard Strauss. N'a-t-il d'ailleurs pas écrit lui-même que « la narration ressemble à la musique en ceci qu'elle accomplit le temps, qu'elle l'emplit convenablement, qu'elle le divise, qu'elle fait en sorte qu'il s'y passe quelque chose » ? Comme il n'est pas indifférent que pour couronner son œuvre propre dans une immense méditation sur l'éros, la beauté et la mort, Luchino Visconti soit allé chercher le texte de "La Mort à Venise "... D'où, du même coup, l'extrême modernité qui reste celle de Thomas Mann et qui l'impose à l'attention comme l'un des géants de ce siècle.
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