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Edgard Varèse : Arcana (Pascal Rophé / Orchestre national de France)

Pascal Rophé dirige l'Orchestre national de France dans "Arcana", pièce pour orchestre composée par Edgard Varèse en 1925-1927. Extrait du concert enregistré en direct de l'Auditorium de la Maison de la Radio jeudi 24 mais 2018.

En 1925, Edgard Varèse, désormais installé outre-Atlantique, séjourne à Paris sur l’Île Saint-Louis. Le 9 octobre, il écrit à sa femme : « J’ai rêvé de deux Fanfares. J’étais sur un bateau qui tournoyait en plein océan vertigineusement en grands cercles. Au loin, on voyait un phare très haut – et tout en haut, un ange – et c’était toi une trompette dans chaque main. Alternativement : projections de toutes couleurs rouge – verte – jaune – bleue et tu jouais la Fanfare n°1 trompette main droite. Puis brusquement le ciel devenait incandescent, aveuglant, tu portais ta main gauche à ta bouche, et la Fanfare n°2 éclatait. Et le bateau tournait et filait et les alternances de projections et d’incandescence devenaient plus fréquentes – intensifiées – et les Fanfares plus impatientes... et puis merde, je me suis réveillé mais ce sera quand même dans "Arcanes". »

Ces deux fanfares, Varèse les a composées, les a adressées à leur seule et onirique interprète, puis presque aussitôt les a détruites. Mais comment ne pas en deviner la présence dans les explosions introductives d’Arcana ? Le titre fait références aux mystères de l’alchimie. En épigraphe de la partition, un extrait de l’Astronomie hermétique de Paracelse : « Il y a six étoiles établies. Outre celles-ci il y a encore une autre étoile, l’imagination, qui donne naissance à une nouvelle étoile et à un nouveau ciel. » Avec Arcana, Varèse explore toujours plus le domaine irrationnel des songes, convaincu que la naissance de l’art ne se fait pas tant dans la raison que dans l’inconscient, si cher à une époque férue de psychanalyse et emportée par la fantaisie surréaliste. Florent Schmitt ne s’y trompera pas, qui qualifiera Arcana, à la suite de sa création, de « cauchemar magnifiquement stylisé, cauchemar de géants ».

Installé en Amérique dès 1915, après avoir suivi des études d’ingénieur électroacousticien, Varèse s’est intéressé au son lui-même, voulant travailler non plus avec des notes à hauteur fixe mais avec des fréquences, des timbres, des durées et des densités, introduisant de nouveaux instruments dans l’orchestre, le tambour à corde dans Intégrales ou les sirènes dans Ionisation. À propos d’Arcana, le programme de la création explique que l’œuvre peut être « considérée comme une immense et libre interprétation de la forme passacaille : le développement d’une idée de base à travers une transmutation mélodique, rythmique et instrumentale ». Dans le fourmillement des motifs demeurerait alors une idée essentielle à l’origine de l’unité générale. Mais c’est plutôt à un puissant et irrésistible élan que s’accrochent les figures, mélodiques, rythmiques ou harmoniques, jusqu’à ces saisissants accords qui se construisent par ajouts progressifs de notes, nommés « Gratte-ciel » par Arthur Hoéré du fait de leur capacité à embrasser la totalité de l’espace sonore, du plus grave au plus aigu. L’élan est parfois brisé, interrompu ou seulement freiné par de longs silences, mais chaque élément semble projeté dans une même direction, comme soumis à une logique vectorielle qui dicterait aux objets, malgré des différences de temporalité ou de registre, la direction à suivre. Il en naît une musique irrésistible jusqu’à sa conclusion, figée dans les extrêmes aigus, sur un énigmatique tapis de percussions. Presque un souvenir de la partition d’Amériques, créée en 1926 à Philadelphie. Et l’auditeur de se souvenir que Varèse fut sans doute le plus alchimiste des musiciens, dans sa façon de métamorphoser le son instrumental et l’orchestre.

Musiciens alchimistes

Plus que les relectures faustiennes, c’est L’Apprenti-sorcier de Dukas qui vient à l’esprit du mélomane quand on l’interroge sur l’alchimie. Mais nombre de compositeurs sont partis à la recherche de la pierre philosophale ou se sont plongés dans les plus mystérieux grimoires : Jean de Garlande au Moyen Âge, ou le Versaillais Pascal Colasse. À Mantoue, Monteverdi lui-même s’éprend de la dangereuse discipline alors qu’il est au service des Gonzague. Et le musicien d’expliquer : « Je m’attends à obtenir un je-ne-sais-quoi, pour en faire ensuite un je-ne-sais-quoi, pour ensuite, s’il plaît à Dieu, pouvoir expliquer un je-ne-sais-quoi. » Au moins ne sera-t-il pas inquiété pour cette quête improbable, contrairement à son fils qu’il lui faudra faire sortir des geôles de l’Inquisition suite à son emprisonnement pour détention de livres censurés.

Texte de François-Gildas Tual

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30 мая 2018 г. 14:44:01
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